vendredi 28 mai 2021

 




-Les poussières resteront (début)-

-mNIm-

-10/05/2021-


Sur des bancs de planches raides Sous sa jupe détendue Les mains jointes

C’était encore hier Des bancs et des bancs Vides comme la nuit

Sous les chandelles des fidèles Tremblotantes et toutes décharnées

Dans le chant en soutane et des prières rêveuses Tout lui réussissait

Lorsqu’elle a quitté l’église Elle est toute rayonnante Et tout lui semblait encore simple

Pourtant ce matin Ne plus aller à l’office Ne plus même y croire

Dans la cuisine du minuscule appartement qu’elle occupait au presbytère

Dans les bruyantes visions Par le ventail dépoli Ouvert au bruit

Un autre horizon s’entrouvrait pour elle Elle n’avait pas le choix

Sur les bancs des planches raides et noires Une enveloppe à son nom

L’Evêque avait signé Très rachitiques Des lettres écrites à la hâte

Vous pensez bien qu’il n’est pas simple de quitter Un fils aimé de Dieu

Elle aimait ses bougies Ses sermons Ses silences Et ses Notre père

C’était un peu son père Depuis tant d’années à frotter la poussière religieuse


-15h22-




-Oublier son prêtre (suite)-

-mNIm-

-10/05/2021-


Elle était heureuse Demain c’était le jour mystique entre tous

Les bancs allaient être remplis de jupes et de costumes sombres

Et la lumière allait jaillir En toute beauté Pour les enfants de la rue

Les garçons Pleins de croassements vulgaires allaient changer de langage

Les filles Toutes timides commenceraient à regarder Dieu comme un homme

Et elle Elle toucherait du doigt Une pointe d’humour Prête à casser

Avé Maria pleine de robe jusqu’aux pieds Avant de prendre sa douche

Elle aimait l’odeur rêche des dalles de pierre et du savon noir

Penchée vers les écritures anciennes Qu’elle aurait tant aimé savoir

La peau de ses mains sentait la soutane Et ses pieds gelés

Et son corsage froid Auraient tant voulu se réchauffer Un jour

L’évêque la rappelait à lui Elle devait quitter son dieu terrestre pour un autre


-15h22-




-Le manque à perdre (encore suite)-

-mNIm-

-10/05/2021-


Elle allait connaître le doute De plonger De comprendre Ces souvenirs-là

Dans le cœur Y avait toujours la stature Et la lumière du vitrail

Dans le transept Les pavés de calcaire polis Par les petits pas

Elle déambulait vers une nouvelle sortie La petite porte d’à coté

La grosse clé froide tirait sur la poche molle de sa jupe distendue

La clé La clé de voûte La réponse à Pourquoi partir Elle était bien

La maison de son nouveau dieu Etait plus grande Plus haute Plus claire

Sa voix Plus calme Portée par les silences Plus ronde de pain Et de vin

Le regard de cet homme-là Entrait dans son esprit avec tendresse

Mais elle préférait la rudesse du père Jadis Ses mots accrochés et creux

Quand les syllabes n’apportaient rien A peine la question de comment vit-on

La croix à la main Pour ne pas oublier Ne lui servirait plus à rien

Depuis Chaque matin A chaque lever du jour Jusqu’à l’angélus Elle connait le manque

Elle a perdu


-15h54-




-Bulle-Gnome-gredin-Béquille-Apéritif (et fin)-

-mNIm-

-10/05/2021-


Entrer dans sa bulle devenait de plus en plus difficile A cœur

Comme un gnome Elle se ratatinait Fermait les yeux Languissait

Elle connaissait bien son gredin ancien Comment arriver près du neuf

Serait-ce une béquille de sa vie Comme un ressort dans une montre

Elle sortait la tête de ses épaules pour s’étendre dans les hauteurs La bougie

Elle enfonçait dans son corsage Sa respiration De frotter les sols

Elle s’asseyait de temps sur le banc de la cuisine Pour y voir

Son mari n’avait pas changé de tête Ni de nom Mais son caractère

Il avait quitté la mine de sel Pour la mine de charbon Et la fatigue

Il semblait hurler plus haut Quand l’alcool le rendait gnome Voire gredin

L’apéritif remplaçait la reconstruction du monde avec le vin et le pain sec

Avec ses frères Noirs de suie Et Elle n’avait pas oublié le rustre et son doux silence


-15h22-

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