samedi 31 octobre 2020





-Y a-t-il assez de lumière-

-mNIm-

-09/10/2020-


Dans le ventre de la caverne Un faisceau de boue sortait de l'eau claire

Claire a allumé la bougie Posée sur le guéridon A côté de son lit

Bancal François continuait à boiter En sortant de la buanderie

Un grenouille de l'année se reflétait Dans le croassement de la terre

Elle était atteinte Par le froid de cet automne-là Du silence de la paroi

La bougie frissonnait Éclairant le bord des draps propres et raides

De son bras La fillette tremblait de devoir attendre le rêve pour avoir chaud

La canne frappait Dans un rythme hésitant Près des pieds gelés

François connaissait les froids de l'hiver Et la solitude du maintenant

Un crapaud l'attendait A l'entrée du cloaque Au reflet de la vieille lune

Claire cherchait son prince La main glissée près de ses jambes fines

Et la table Un bol Deux tranches de pain François aurait voulu allumer la lumière


-20h07-




-Qu'ils se le disent-

-mNIm-

-09/10/2020-


Ils ont une gestation de plus de quatre ans Comme les années bissextiles

Ils ont la peau tendre A peine craquelée Et un matelas de pierre Aussi

Au réveil Claire les aperçut Dans le filet Donné Des deux rideaux

Le prince avait cousu dans ses rêves Des miaulements de tendre

Le premier animal était resté couché Et souriait de son invisible moustache

Quelle est cette race de chats blancs Aux poils courts Et d'où viennent-ils

Peut-être de l'autre côté de la grotte Dans le paysage aride et lunaire

Peut-être posés Près de la porte de la buanderie D'où François les a retirés

Et ce matin Les yeux levés Hors de l'oreiller Elle scintille de surprise

C'est grand jour Dit-elle Comme si les chats allaient lui miauler une réponse

En quatre années Elle avait vu la pierre s'arrondir Les oreilles se dresser

Les pattes cachées sous la tête Pendant que De l'autre Se dressait la curiosité

Que se disent-ils Ronronnements de la fillette Dans un éclat du bonheur


-20h47-

 


-Hâtée du téléphone-

-mNIm-

-09/10/2020-


Claire aurait couru dans la steppe Sans les racines sèches du vent

C'est clair L'avait retrouvé les sols concassés de pierre blanches et dures

Des chats de l'esprit Athées les faunes Loin des religiosités de sa mère

Tracés dans le cube premier Découvert dans les éclats et les poussières

Elle avait pris un temps Pour tomber les secrets Dans la triste vallée

Aphone l'été Aucun mouvement de vent Un soleil à perdre sa lumière

Un silence ventru Au-dessus des coups de maillet De son imaginaire

Le croisement des sentiers de la nuit quotidienne Et les rêveuses envies

Les fées atones Au son habituel Sur la blanche trace du ciseau

Ils sont nés De la campagne voyageuse et de prières solidaires

D-où viens-tu Maman de mes tendres sentiments Et de ta vive joie

D'où vas-tu Dans le reste des sonnettes Tu traverses les pas du dépassé

Ah Téléphone Lance-moi l'appel du ciel Reviens-tu Et tu nous es revenue


-21h47-





-Au rossignol-

-mNIm-

-09/10/2020-


François avait attendu Et avait mis de l'espoir dans les heures noires

Sa canne ne lui servait pas à trouver l'équilibre Le sien tenait de sa vie

Elle était partie rêver Dans les solides solitudes de la grande misère

Le froid Les bêtes endormies Le calme inquiétant de l'eau claire Le gel

Le bruit de la lanterne Dans le crissement de la tempête dans sa tête

Le chant du rossignol est plus doux Loin des sombres moments d'ici

La volubile renaissance commençait à porter les fruits de la vie heureuse

Comment atteindre le joie de vivre A son cœur retrouvé de l'ailleurs

Elle aussi aurait froid Dans les draps raides de cette nuit silencieuse

Elle aussi de boiter pour traverser De la table à la buanderie La vie

Il est plus clair De ne pas croire au lendemain Que de porter d'amour

Claire A sa mère A François De ses doigts accrochés à la porte des songes

Comme la chance n'existe pas Il faut encore croire au long bonheur

Ce matin-là Les chats ne bougeaient pas encore Et les rossignol s'étaient éveillés


-22h29-






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