vendredi 28 mai 2021


 


-Comme un trou-

-mNIm-

-03/05/2021-


Il était plus d’une heure Ce matin-là ou pour être précis Dans la nuit

J’avais la clé J’avais la porte de la maison Je n’avais plus le trou de serrure

Cela m’était arrivé bien des fois Entre deux rhums Agrémentés de sucre de canne

La première fois que je ne suis pas rentré C’est parce que je n’étais pas sorti

J’avais déjà la cuite de la veille Et ne me suis pas fait remarquer

Je m’étais allongé sur la moquette claire Et sans y songer Je cuvais

Des appels A mon téléphone Me réveillais à chaque instant Mon pauvre

Un grand verre d’eau J’aurais voulu une citronnade Sans ti punch

J’aurais aimé Aller te retourner Et me moquer Du grand Jack Saoul

Mais ce soir-là Ce matin-là Rien n’y faisait Je ne décuvais pas

Les minutes Enlacées de gestes de se tordre Et la recherche d’un temps meilleur

Je n’avais pas à rechercher la serrure Sa poignée Son trou Faute de trou normand


-15h29-




-Prénom de merde-

-mNIm-

-03/05/2021-


Le prénom que je voudrais avoir Et le prénom que je ne voudrais pas avoir

J’ai beau contempler le livre des prénoms Je n’y trouvais rien de bien

Le prénom Il vous arrive Un beau matin trop bruyant D’un seul cri

Il vous tombe sur le biberon Et s’enfile comme une chemise A l’heure des repas

Dites Merde à un chat En lui tendant ses croquettes Et il s’y reconnaîtra

Je ne nommais donc Merde Car je n’avais pas été attendu Un garçon en plus

Monpère préfèrait les filles Et Maman ne voulait rien Enfin libérée

Alors je promenais mon nom de Merde Comme d’autre leur bonheur

Et A chaque fois fois que j’y mettrais les pieds Je me trouvais avoir de la chance

Aussi heureux que l’on m’appelle Que l’on s’occupe un peu de ma personne

J’acceptais tous les petits noms rieurs Et les blagues tristes à en mourir

Si triste à le porter Mais heureux de l’avoir Il me collait à la peau Avec son odeur


-16h04-




-Dépiècer-

-mNIm-

-03/05/2021-


Elle l’avait cousue

Elle l’avait décousue

La robe


Il l’avait portée

Il l’avait retirée

La robe


Ce qui les réunit

Et tout ce qui sépare

Un patron


Il l’avait découpée

Il l’avait retaillée

La pièce


Elle l’avait montée

Elle l’avait démontée

Encore dépiécée


-16h27-


 




-Les poussières resteront (début)-

-mNIm-

-10/05/2021-


Sur des bancs de planches raides Sous sa jupe détendue Les mains jointes

C’était encore hier Des bancs et des bancs Vides comme la nuit

Sous les chandelles des fidèles Tremblotantes et toutes décharnées

Dans le chant en soutane et des prières rêveuses Tout lui réussissait

Lorsqu’elle a quitté l’église Elle est toute rayonnante Et tout lui semblait encore simple

Pourtant ce matin Ne plus aller à l’office Ne plus même y croire

Dans la cuisine du minuscule appartement qu’elle occupait au presbytère

Dans les bruyantes visions Par le ventail dépoli Ouvert au bruit

Un autre horizon s’entrouvrait pour elle Elle n’avait pas le choix

Sur les bancs des planches raides et noires Une enveloppe à son nom

L’Evêque avait signé Très rachitiques Des lettres écrites à la hâte

Vous pensez bien qu’il n’est pas simple de quitter Un fils aimé de Dieu

Elle aimait ses bougies Ses sermons Ses silences Et ses Notre père

C’était un peu son père Depuis tant d’années à frotter la poussière religieuse


-15h22-




-Oublier son prêtre (suite)-

-mNIm-

-10/05/2021-


Elle était heureuse Demain c’était le jour mystique entre tous

Les bancs allaient être remplis de jupes et de costumes sombres

Et la lumière allait jaillir En toute beauté Pour les enfants de la rue

Les garçons Pleins de croassements vulgaires allaient changer de langage

Les filles Toutes timides commenceraient à regarder Dieu comme un homme

Et elle Elle toucherait du doigt Une pointe d’humour Prête à casser

Avé Maria pleine de robe jusqu’aux pieds Avant de prendre sa douche

Elle aimait l’odeur rêche des dalles de pierre et du savon noir

Penchée vers les écritures anciennes Qu’elle aurait tant aimé savoir

La peau de ses mains sentait la soutane Et ses pieds gelés

Et son corsage froid Auraient tant voulu se réchauffer Un jour

L’évêque la rappelait à lui Elle devait quitter son dieu terrestre pour un autre


-15h22-




-Le manque à perdre (encore suite)-

-mNIm-

-10/05/2021-


Elle allait connaître le doute De plonger De comprendre Ces souvenirs-là

Dans le cœur Y avait toujours la stature Et la lumière du vitrail

Dans le transept Les pavés de calcaire polis Par les petits pas

Elle déambulait vers une nouvelle sortie La petite porte d’à coté

La grosse clé froide tirait sur la poche molle de sa jupe distendue

La clé La clé de voûte La réponse à Pourquoi partir Elle était bien

La maison de son nouveau dieu Etait plus grande Plus haute Plus claire

Sa voix Plus calme Portée par les silences Plus ronde de pain Et de vin

Le regard de cet homme-là Entrait dans son esprit avec tendresse

Mais elle préférait la rudesse du père Jadis Ses mots accrochés et creux

Quand les syllabes n’apportaient rien A peine la question de comment vit-on

La croix à la main Pour ne pas oublier Ne lui servirait plus à rien

Depuis Chaque matin A chaque lever du jour Jusqu’à l’angélus Elle connait le manque

Elle a perdu


-15h54-




-Bulle-Gnome-gredin-Béquille-Apéritif (et fin)-

-mNIm-

-10/05/2021-


Entrer dans sa bulle devenait de plus en plus difficile A cœur

Comme un gnome Elle se ratatinait Fermait les yeux Languissait

Elle connaissait bien son gredin ancien Comment arriver près du neuf

Serait-ce une béquille de sa vie Comme un ressort dans une montre

Elle sortait la tête de ses épaules pour s’étendre dans les hauteurs La bougie

Elle enfonçait dans son corsage Sa respiration De frotter les sols

Elle s’asseyait de temps sur le banc de la cuisine Pour y voir

Son mari n’avait pas changé de tête Ni de nom Mais son caractère

Il avait quitté la mine de sel Pour la mine de charbon Et la fatigue

Il semblait hurler plus haut Quand l’alcool le rendait gnome Voire gredin

L’apéritif remplaçait la reconstruction du monde avec le vin et le pain sec

Avec ses frères Noirs de suie Et Elle n’avait pas oublié le rustre et son doux silence


-15h22-

 



-Va savoir (début)-

-mNIm-

-17/05/2021-


Je ne sais rien Presque rien Que la pluie tombera la nuit Pour mon plaisir

Que le soleil se cache Pour attendrir ma peau Pour ramollir mon dos

Que le courage est nécessaire pour s’échapper de la morose compagnie

Bien sûr Je sais depuis longtemps Que tout cela ne me sert à presque rien

A envahir de liseron La terre molle de notre parterre des fleurs du jardin

A boire un coup A la santé du voisin Qui ne nous a pas attendu Si soif

Si seulement le temps de la journée Laissait sonner le printemps d’Angélus

Si tout est vrai Ce que j’ai ouïe dire Et ce qui n’en est vaillamment pas détruit

Rien ne sert à placer un sourire Dans la poche de ta chemise à gros trous

Rien est plus facile Que de passer devant la grille rose Sans détourner la tête

Aussi Je me suis jeté dans le bocal Pour noyer ma large curiosité

Sensiblement Peu de différence sépare les voix de Nelly à son cher animal

La chatte bottée A grands coups de pieds Et le vent nous balaye Dans la vie si vive


-15h26-




-De boire (la suite)-

-mNIm-

-17/05/2021-


Bien sûr

Je ne sais pas

Depuis longtemps


Que va dire la voisine

Rose

Sans sa couperose


De son mari

Elle trépigne

S’en jette


Sans avoir

Des gestes lents

De bonhomie


Des restes grands

De félonie

Et de boire


-15h35-




-La tendre laisse ( la suite aussi)-

-mNIm-

-17/05/2021-


Elle l’avait attendu Là tendue La tendre grue De son crotale

Elle s’était assise Sur le petit muret de la gare Entre les bruits des trains

Elle n’avait pas posé son chapeau de dentelles Sur les dentelles de ses genoux

La tunique de teintes molles et les plis du devant rond Se reposeraient

Assise Les graviers vagabonds laissaient passer les eaux de la pluie d’avant

Assise Le dossier écaillé La nuque lancée contre ses cheveux à l’épingle

Le regard Sans regard Je voudrais dire Sans espoir Dans une pupille mate

Le retard Non Il n’est pas en retard Non Un travail de banlieue à terminer

Un silence d’avoir trop parler Les collègues et la secrète secrétaire Et se taire

Non Il ne fallait pas l’attendre Il suffisait de ne pas s’inquiéter Là Assise

Pourtant Dans le jour perdu Elle est restée debout Les pieds aux cent pas

Les mains dans le chapeau écrasé Les rires des voisines Il en restait trop


-15h58-




-L’attente liesse (la suite ensuite)-

-mNIm-

-17/05/2021-


Trop de virages Pour arriver au mot S’il était plus gentil Seulement tendre

Si le soir lui donnait une bonne raison De revenir essoufflé et lâche

Il relevait les épaules Il tendait la tête vers son éclat de vanité

Il plaçait tout son retard Sur le risque de devoir tant travailler

Elle changeait de vent Elle plantait ses talons Elle ne s’était pas assise

Hier assise Aujourd’hui Cent pas devant Derrière Sans s’y attendre

Il était droit Avec à sa droite Une ombre lumineuse Une pleureuse

Une autre dentelle Une place de fleur à la poche de sa vieille tunique

Elle l’avait attendu Elle n’attendait plus Elle quitterait l’idée Seule

Elle a mis la table Il est arrivé à la maison Aussi directement qu’hier

La gare ne reverrait plus de train Aujourd’hui Que vas-tu nous raconter

La place des mots En silence Dans l’attente La réponse L’inquiétude

J’ai attendu J’ai vu ta tête Tu ne dis rein J’ai attendu Tu n’est plus reparu


-15h22-




-Marâtre-Elimer-Exil-Salamandre-Vociférer (avant la fin)-

-mNIm-

-17/05/2021-


Je ne serai jamais ta marâtre A élimer tes godasses avant de les cirer

Je ne serai plus ta marâtre En exil Au fond de la cour A attendre le jour

Je ne serai pas ta marâtre Comme une salamandre Oubliée sous les cris de feu

Je ne serai bientôt plus ta marâtre A écouter Vociférer toutes sortes d’explications

Marâtre Comme une veste de laine Au trou de l’oubli Et des mites du temps

Marâtre A être cuisinée De toutes les teintes de l’impossible inquiétude

Marâtre Si silencieuse A tout dire Par les doigts dans la soupe à dentelle

Marâtre Les genoux Si loin de l’autre A percer les secrets Du non retour

Marâtre Un œil lancé Sur la table Ne rien sourire Ne rien suivre

Marâtre Elimer le bord de la confiance Et quitter l’exil de la vie quotidienne

Marâtre je ne serai plus jamais la salamandre Sortie du feu des oublis

Je ne serai plus ta salamandre Ne plus écouter Vociférer Vivre au silence


-16h24-




-Esparcette (Sainfoin des prés) (enfin fin)-

-mNIm-

-17/05/2021-


Esparcette page

Ecrite et élimée

Que de vivre


Une autre famille

Esparcette vérité

D’où tout ressort


Une teinte du jour

Esparcette dentelle

Tout oublier


Esparcette tachée

A vouloir offusquer

A abandonner


Esparcette vilaine

De la mignonne

De l’attente


-16h32-


 




-Semblable paysage (début)-

-mNIm-

-20/05/2021-


Avait percé le ciel Comme une peau de tambour Tout autour de mes lunettes

Avait saccagé Mes illusions Comme une revue Sur les bruits infernaux Cobaye

Avait emprunté les stratagèmes de la route inconnue Pour nous apparaître

Aussi Je ne me sentais plus seule Les monstres de la nuit continuaient à gronder

Je me sentais au milieu d’un monde vivant Dans le silence faux et sombre

Je comprenais à peine la présence de la grande horlogerie des astres

Tout autour Le noir percé de gouttes de soleil Etait arrivé avant minuit

Tout comme les fleurs étincelantes Dans le tapis vert de la vieille terre

Dessus Dessous Des éternelles lumières Et des mousses de place ronde

J’ai marché sur place Assez longtemps J’ai tourné Autour de mes pieds

J’ai enjambé la passerelle des rêves Pour me retrouver Les yeux si grands

Si surprise par le passage de la voie lactée Toujours là En début d’été

La fraîcheur Une robe si belle à m’emporter Un châle plein les épaules

Je n’ai pas retiré mes souliers Pourtant les pieds dans le ruisseau Si vrai

J’ai fermé les yeux Et mes cuisses m’ont déposé Sur les bords

La caresse d’une si jolie nuit

-17h19-




-Tendre et ment (la fin)-

-mNIm-

-20/05/2021-


Avec ce qui me reste de parole J’ai essayé de vous conter ce tendre moment

La place liquide et chaude traverse mes sentiments Je ne peux les traduire

Je ne peux plus descendre par le chemin de ta main Le long de mes étoffes

Je ne veux plus parler Je sèche mes larmes Entre deux étoiles filantes

Je dépose sur le sol Les restes de mon corps Encore illuminés de tes poèmes

De tes phrases portées par tout ce qui commence par la lettre Amour

Des senteurs de chèvre en feuille Des couleurs de bleu fruit Des tulipes

Des Dis-moi encore le silence de ce que tu chantes Tous les blancs matins

Mes lèvres blanchies par le début de ton doigt moqueur A me distinguer

A qui veux-tu que je pense Tu es toujours mon plus beau paysage d’ici

Dans les creux Dans les vallées Dans mes bosses alanguies Et les écrevisses

Tu enchantes de ton souffle Peut-être vas-tu réchauffer mon envie de te serrer

J’aurai bien essayé de vous dire combien A quand restera-t-il de tes chants

De tes hirondelles Sous mes ailes Aux odeurs de candeurs Et de libres et de vents

Rien Avec rien une petite fraîcheur aussi Et une page écrite en blanc dans la nuit


-17h38-


 




-Panser (début)-

-mNIm-

-24/05/2021-


Souvent Elle refaisait les pansements du père Avec hargne et délicatesse

Elle tirait la compresse Du bout des doigts Les lunettes sur le nez

Et posait les pommades Si doucement Que le frais se sentait à peine

Elle était si concentrée Qu’elle en oubliait son corps A se détendre

Elle remplit cette office Avec une simplicité gracieuse Et se grattait la fesse

Parfois Avant de s’en laver les mains Et de partir dans le jardin

Là Elle cueillait plantes odorantes Et feuilles médicinales Au panier

Tantôt Dans la contre-allée Derrière le tilleul Encore vert en cette saison

De temps en temps Dans le sentier de terre Où venait pousser des fleurs

Une fois retournée dans la maison Elle coupait Taillait Frottait les herbes

Dans un jus Avec trois glaçons S’il vous plait Elle laissait tremper

Si la visite se prolongeait Elle entrouvrait la porte Pour écouter

Le père dormait profondément Je sortit trois sous de la cagnotte

Je la regardais partir Les fesses couvertes d’une robe à pois Jaunes et Verts


-15h27-




-Pensées (suite)-

-mNIm-

-24/05/2021-


Tous les matins Elle repassait dans la maison Pour les tâches du jour

Le pansement changeait de couleur Et la bande se serrait sur la plaie

Les décoctions ne sentaient pas une bonne odeur Dans la pièce principale

Elle avait posé les pots A l’autre bout de la table Nous n’y touchions pas

Nous regardions ses ongles gratter les peaux des abricots D’ailleurs

Nous ne savions pas Où elle les avait trouvés Peut-être une autre maison

Quand le temps était là Elle préparait des kilo de confitures d’herbes

Nous les mangions Les vendredi Après un repas d’une grosse tranche

Sa robe légère tombait sous le vent Et aimions scruter ses poches

Nous y trouvions des formes saillantes et des petits trous de ciseaux

Elle portait des ses bras En revenant du jardin Des couleurs de rouges

Le Père aimait le parfum de la vieille mère Qu’elle remplaçait mal

Elle sentait les racines terreuses Et le silence de la campagne en Automne

-15h37-




-Penchée (encore suite)-

-mNIm-

-20/05/2021-


Elle s’en allait Les fesses pendantes Sous notre œil fatigué d’observer

Elle avait sa robe à pois Rouges et bleus Ce lundi-ci Bien sûr que si

Hier elle était vêtue d’une peau translucide Comme une fleur de coquelicot

Chaque jour Elle changeait d’étoffe Mais gardait la même coupe de robe

Supposons que vous gagniez dix mille deux sous Qu’en feriez vous au juste

Quel serait votre rêve le plus vrai Celui-ci animera-t-il vos pensées

Un jour J’ai reçu un chèque plus gros que les autres Qu’allais-je faire

Je me suis mis à deviser sur les cadeaux Tout autour de moi Et les miens

Je devrais me limiter La somme n’était pas si gigantesque En fin de compte

Et je me trouvais à offrir beaucoup plus que d’habitude Avec frénésie

Avec la sueur au front Je ne m’endormais plus Avec mon imaginaire financier

Elle De son coté n’avait pas hésité longtemps Elle avait acheté des étoffes

Des toiles légères Des coupons dorés ou argentés Des pièces des soies

Et elle couvrait ses arrières Pour agrémenter le regard de ceux qu’elle savait la scruter


-16h02-




-Gratter (et fin)-

-mNIm-

-17/05/2021-


Une picoterie

C’est quand ça gratte

Ici ou ailleurs


Dans ton jeans

Entre deux pansements

Sous ses jupes


Celle du père

Pour cause les herbes

Et les confitures


Avec du poivre

Dans les cheveux sales

Avec du sel


Avec le temps

J’espère que le Père ira bien

Pour qu’elle revienne


-16h17-