mercredi 31 mars 2021


 

-Qui m’est adressée (début)-

-mNIm-

-27/03/2021-


Elle observa la carte postale Pas de signature Pas de mots vraiment

Tout se passe bien La côte est toujours aussi merveilleuse Cependant tu n’es pas là

Elle ne connaissait pas le paysage Le nom du village Inconnu Un autre pays

L’écriture était griffonnée à la va-vite Comme une ordonnance de pharmacien

Le timbre très ordinaire Indiquait une date Déjà vieille d’un bon mois

Cependant Une scène d’un autre nature se passait sous l’adresse manuscrite

Car la carte était écrite et timbrée Côté image Une photo de nuit sans lune

Deux personnages s’enlaçaient Mélangeaient leurs bras et leur petit cœur

Deux enfants sur une île déserte Un baiser imprimé Dans la teinte sépia

La carte venait d’arriver dans la boîte Mais elle avait dû être acheté Il y a longtemps

Elle la montra à sa cousine Qui d’un éclat de rire Tu as un amant Ma belle

Elle la plia dans sa poche Et n’y pensa plus Pour ne plus être gênée de questions

La fillette de douze ans Pensait plus à écrire les mathématiques Qu’à son cœur

Et sans continuer à s’interroger Elle posa son stylo sur la page blanche

Dans sa logique Le baiser Si l’avenir des grands Ne l’indiquait guère Alors

-11h20-



-Les dessous de la carte (suite)-

-mNIm-

-27/03/2021-


Dans la salle à diner Que dire de cette table Dressée avec le luxe et le calme

Ses parents invitaient Tous les samedis des voisins ou des amis lointains

Ils posaient sur l’assiette Une photo Chacun la sienne Avec belles couleurs

Ils emplissaient le verre à eau Un froissement de papier Rose ou bleu

Aujourd’hui Un bleu nuit contrastait avec le jaune des assiettes à dessert

Le gâteau n’était pas encore sur la longue table Attendre pour cinq personnes

Cependant Dans la pièce voisine Une autre scène se déroulait Sans bruit

Ce ne sont plus les enfants Ce n’est plus dans un pays éloigné C’est ici

Dans le sombre du couloir Entouré de médaillons jaune et rouge oranger

Les chaines du luminaire Dans l’ombre immobile tracée par l’ampoule

Ils sont enlacés Papa et Maman Avec des mains partout Et des yeux fermés

Ils se regardent par le cœur C’est sûr Je n’ai rien vu Je suis dans ma chambre

J’ai traversé la salle de bain J’ai séché mes petits cheveux Si noirs Si courts

J’ai enfilé une chemise de coton blanc Et un vêtement en dessous Sur ma peau

Je ressemblais beaucoup à la fille de la carte postale Et cela m’a un peu intriguée

-11h34-



-Ta carte postale (et fin)-

-mNIm-

-27/03/2021-


Dans ma volière cérébrale Je ne jouerais jamais avec mes souvenirs de douze ans

Je préférais oublier que la vie ressemble à une boucle Que le temps rassemble

Que la nuit Je ressentais encore ta présence Tu es ma carte postale Tu es mon rire

Tu es l’ami que je chercher encore En creusant mes doigts dans mon cœur

Tu es l’horizon Qui jamais atteint Rappelle à chaque nouveau jour Le désir

La carte postale pliée dans ma poche Etait restée dans le tiroir de l’armoire

Parmi les démonstrations de Pythagore et d’Aristote Mon monde ne tournait pas rond

A plat dans mon lit Les fesses plantées contre les coussins J’ai fermé les yeux

Et je me suis demandé Si le matin des autres rassemble les nœuds du cœur Dans la corde du vent

Les volets ne seront pas ouverts Aujourd’hui Je reste dans mon dimanche perdu

Je laisse passer Le lundi Le mardi Le jeudi Pour attendre à la gare Samedi

Ça me donne envie de te connaître Toi De la photo du jour Du journal En privé

Privée de mes sentiments A toujours vouloir répondre à la question de si et d’alors

Dans la raison je ne m’intéressais à personne Et je suis restée plongée dans ma solitude

A la gare tu tenais la carte postale Retour à l’expéditeur Le seul moyen pour te retrouver

-12h10-




 

 

-Le tambour de se battre (début)-

-mNIm-

-28/03/2021-


Battre Ne pas battre Ne pas se battre Je craque Je voyage de battre

Culbute l’ascenseur de mes promenades intérieures Comme une savate

Débattre De l’or de l’odeur Des fièvres rissolées dans un geste de sourire

Tumulte de plage Dix dimensions des pas Du bruit de la canne

Combattre avec les jambes Des fois raides parmi les pierres Et molles

Ne pas annoncer Battre de la canne Respirer sans la folle fantaisie

Battre Débattre Battre Combattre Commencer Annoncer Avancer

Mon cœur Aussi ridicule que le sentiment A la rencontre de la ronde

Monde de se tenir les mains Et de balancer Pieds et poings Se déplier

Battre Je te danse de mon éclat de rire Débattre Je me plonge à écouter le cœur

Battre Je virevolte dans les senteurs d’espoir Combattre A ne faire que de la paix

Ressens-tu Ce que tu respires de tous De la planète De l’humain du matin

Autour du muscle de me renvoyer Dans les sangs du partage d’amour

De l’autre couleur du mur Da ma paroi thoracique De la belle palissade

Autant plonger les pieds dans les bruits de la canne Et du tintement de nos cœurs

-18h21-




-O Lézard Morituri te salutant (fin)-

-mNIm-

-28/03/2021-


Ils sont murs De pierres et de briques Et le soleil leur assèche les joints

Il y a si longtemps Ils étaient murets Ou simple fondation de terre

Ils étaient séparés Le clan des cinq ans et la troupe des sept ans En plus

Ils étaient secs Comme la pluie dans le désert A la sortie de notre village

Avec la pioche Avaient tapé la pierre Cassé la brique Construit le loin

Le lointain souvenir Qui avait désuni les familles de Pierre de Paul et de Jack

Les trop différents mondes Qui faisaient Qu’ils se ressemblaient trop Pour en rire

Ils sont murs De haine et de bois D’écritures salissures et de constellations

En regardant le ciel Ils voyaient le même éclat de terre De fière et de joie

Mais Aucun n’avait eu envie de le crier Partout Les toits Pour nous le soleil brille

Et dans la cour fermée Séparée par des années de ridicule Ils n’y pensaient pas

Ils oubliaient que le mur Un jour N’existera plus dans un jour bien chaud

Où le partage de l’éclat de mime Des débats de cœur Et de se débattre ensemble

Ils avaient été murs Et maintenant Tas de cailloux Ils se donnaient du cœur en tambour

A lézarder de bonheur Et à arrêter de s’en lézarder

-18h41-





mardi 30 mars 2021

 -Je lis (début)-

-mNIm-

-29/03/2021-


A force de repasser devant la bibliothèque Ras bord Des grands illustrés

De contempler les étagères Elles ploient sous les pages de trop vieilles histoires

Elle a pris un petit recueil A deux doigts de tomber La belle couverture

Sonia a dans ses mains De Marie-Ange et lit Je prends le livre Et je le dévore

Quand je suis assise dans mon fauteuil Ou bien la nuit dans mon lit

Quand le sommeil tarde à m’envahir De ses rêves redoutant Dans ma grimace

Je me contenterais des rêveries de tous ces auteurs inspirés A la lettre Me raconte

Elle Plongée dans l’histoire de l’ouvrage de Paul et d’Emile et de Victor Elle lit

Depuis le début de son hospitalisation Sa seule rencontre avec le monde

Le grand coin de la cafétéria avec tous ces volumes Au bord de sa chambre

Prête à s’entrelacer de la fantaisie des mots et des vies De chacune des héroïnes

Alors Que va devenir son installation dans le couloir Des trop fatigués de vivre

Avec une place Grande comme un cœur Pour un jour S’en retourner à la lumière

Ses yeux passaient d’une image de la nuit A l'aventure de la jeune fille Sonia

Et Sonia avait le plaisir de ne pas ouvrir les romans Ceux avec une couverture noire

Comment est-elle parvenue A se reposer A accepter de subir cette opération

-11h23-




-Tu lis (suite)-

-mNIm-

-29/03/2021-


Ses yeux allaient bientôt revoir L’animation de la rue Et ses futures amies

Ses vraies amies de son monde refermé Sur les voix et les trop des odeurs

Elle ne se cognera plus aux chaises déplacées Et au bas du long buffet

Elle avait vu la bibliothèque Comme le début de son histoire De sa nouvelle vie

Les pansements retirés depuis déjà cinq jours entiers Une fine lueur

Le rose de sa chambre Seule à écouter la musique de la nuit A ne pas renoncer

A dévisager dans la douceur de la lune A la place du fauteuil A ses pieds

Maintenant Elle n’aurait plus les mains devant Elle verrait sa route Heureuse

L’incident n’avait pas pris de plus beaux jours Il avait fallu attendre dix ans

De ses vingt ans à peine dépassés De ses instants à tout accepter de la vie

Là Depuis quelques jours Le matin se lève La lumière électrique peut éclairer

La place des objets se mettrait à danser A changer Le bazar et le hasard

Le temps de tout De surveiller avec ses doigts Ouvrir la page du livre d’or

Dehors Tout est normal Mais les couleurs du temps et de l’esprit s’étaient ouvertes

Dans le poème des anges Elle lit la suave vérité de la belle qui voit le miroir

-11h35-




-Elle lit (et fin)-

-mNIm-

-29/03/2021-


Quand je suis assise dans mon fauteuil Ou bien la nuit dans mon lit Je ris

Je décape la douceur de m’observer De toucher mes mains avec mes yeux

Je gambade sur les murs La fraîcheur de la lune Les odeurs du pharmacien

La porte s’ouvre parfois Un blouse blanche Avec des souliers de tissu fin

Des paroles avec des bouches Qui se remuent dans des sourires Tout va bien

Tiens Quelqu’un frappe à ma porte Bonjour Ton bonheur respire le vrai

Le vrai lit de métal blanc Aux draps avec de vraies écritures de cet hôpital Là

Là Je prends le temps de sortir dans la rue des chambres Et de descendre

Je remontrai avec un autre livre avec ce roman où Dans les pages grises

Le papier de la couverture est plus dur que Comment dire De la calligraphie

Ce matin Sonia a repris un nouveau récit Celui du jour qui se lève et de rire

Dormir Elle ne veut plus dormir Elle souhaite découvrir la ronde de la ville

Bientôt Elle retournerai dans sa compagne Et écouterai encore avec ses yeux

Et dans sa chambre d’enfance Quand Assise dans son fauteuil Elle éclatera de vivre

-11h47-





-A la guerre comme là naguère (début)-

-mNIm-

-30/03/2021-


Tout est fossé Le reste du ruisseau Le sentier creux D’entre les buissons

Tout est plutôt triste Il faisait la tête Tout en avançant avec l’équipée

Ils portaient A eux tous L’ensemble des pièces pour protéger les lieux

Il cherchait Sans plaisir A leur échapper A fuir dans ses rêveries

Il marchait dans la moue Dans la noue Dans la boue Il continuait

Il n’était ni en tête ni le dernier Mais il était le seul A ne pas vouloir parler

Dans les conversations trônaient les incantations de Shakespeare enfant

Ressortaient aussi Des pensées païennes Et des recettes rusées de Rabelais

Lui n’avait plus faim Il regardait ses pieds Dans ses bottes Dans les mottes

Ils essayaient de ne pas se faire remarquer La tête presque baissée

Ils s’exprimaient Entre deux bruits de feuilles ou de cailloux Entretemps

Ils savaient que c’était lui leur guide Qu’il connaissait la région Par cœur

Sinon il y aurait longtemps qu’ils lui auraient proposé de s’arrêter là

La boue de la noue Les buissons frémissant Cachaient leur peur Avant d’être arrivés

-16h26-

 





-Le haut soleil (fin)-

-mNIm-

-30/03/2021-


Je les vois repasser Dans la direction du village Les reconnaissant à peine

Leur visage couvert de boue Couverture essentielle Dans les temps naguère

Paul En tête Ne voulait plus siffler Pour laisser aux oiseaux Leur chant

Je repris la route de la ferme En m’éloignant de cette troupe Si résistante

Mon ombre marche au soleil Mes pas tapent les pierres En rythme

Le cliquetis des cigales Me rappellent que les foins seront bientôt coupés

Je croise des allées bienvenues des marronniers de la ferme du château

Il y a déjà longtemps Que les cailloux du château Nous servent de ruisseau

Par le sentier de la prairie Presque personne n’était aux champs La forte chaleur

Sans penser à me cacher Je regarde encore passer Les avions de la guerre

Sans écouter le bruit des mitrailleuses du siècle d’avant Inutiles et vieilles

Les villageois ne pouvaient se protéger leurs maisons Qu’en faisant du bruit ailleurs

Et c’est dans la noue de la ferme tombée Qu’ils s’étaient installés Horrifiés

Quand le soleil commencera à me caché mon ombre Dans les blés étalés

Je déciderai à rentrer

-16h58-